Quarante idées fausses sur les tortues

Quarante idées fausses sur les tortues, de Françoise Serre-Collet, Editions Quae, 2022, 144 p. 

Les précédents ouvrages de Françoise Serre-Collet nous avaient permis, grâce à une iconographie précise et des commentaires discriminatifs sobres mais efficaces, de déterminer l’ensemble des Amphibiens et des Reptiles de la faune française et de nous initier à leur biologie. Le présent ouvrage se propose de nous familiariser avec un groupe délaissé dans les précédents volumes, les Chéloniens (ou tortues), non plus au moyen d’un ouvrage de détermination (ce qui dans le cas présent était moins justifié, puisque leur diversité spécifique est réduite dans notre hexagone national), mais selon une autre conception, nous familiariser sous forme d’une série de questions et réponses à leur biologie, mal connue du grand public, leur identification étant néanmoins rendue possible simplement grâce aux illustration accompagnatrices du texte qui présentent les caractères distinctifs des rares espèces présentes en France. 

Il n’est évidemment pas questions d’énumérer ici toute la séquence des questions posées par l’auteure et auxquelles elle apporte des réponses détaillées ; nous nous limiterons à celles de ces interrogations dont les réponses n’allaient pas de soi pour qui ne connait qu’imparfaitement les tortues, et à celles qui nous ont paru les plus intéressantes pour la collectivité. En fait, cet ouvrage, qui fait parfois allusion à des faits d’actualité, est essentiellement consacré aux tortues terrestres et d’eau douce, mais néglige dans une certaine mesure les espèces marines. Nous mentionnerons en premier lieu que ce livre a été préfacé par l’éminente navigatrice Isabelle Autissier, dont les participations à de grandes traversées transocéaniques sont connues de tous et qui préside actuellement le WWF France.

Ces questions confirment entre autres la présence de Chéloniens - dont l’origine phylogénétique est encore inconnue - sur tous les continents, l’accroissement de la taille de la carapace, parfois non rigide (cas des tortues « molles »), parfois au contraire très compacte (cas de tortues-boîtes), avec l’avancée en âge, la possibilité de rétraction totale du corps à l’intérieur de la carapace chez certaines familles , la variabilité toute relative selon les espèces du rythme de la locomotion, le fait que les écailles ne permettent pas de déterminer l’âge d’une tortue ; les tortues ne pleurent pas de douleur en pondant, ne s’immunisent pas en mangeant des vipères, et, contrairement à une idée reçue ,ne consomment pas les nourrissons. La notion de sang froid chez ces organismes est discutée, de même que l’origine géographique de certaines espèces dont le nom vernaculaire est associé à une région déterminée, et leur longévité est nettement surévaluée. 

La fin du volume concerne certaines connaissances d’usage pratique. Il est autorisé, bien que la tortue d’Hermann, notre seule espèce terrestre nationale, soit un animal protégé, d’en posséder dans son jardin, à condition qu’il s’agisse d’animaux nés d’élevage, en captivité avant leur commercialisation, et donc non capturés dans le milieu. Mais il est interdit de la relâcher dans la nature.

Bref, il s’agit d’un ouvrage d’une lecture intéressante et didactique que le lecteur a beaucoup de plaisir à découvrir tout en s’instruisant. 

Jean-Loup d’Hondt